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Enseigner une matière ou enseigner à une personne

 

Il y a quelques années on percevait chez plusieurs enseignants une ouverture à la redé­finition de leur tâche, à une vision de leur rôle comme agent d’éducation intégrale. Pendant cette période on a vu s’accroître l’attention accordée aux facteurs humains en classe. Les enseignants qui se sont alors familiarisés avec les méthodes de communication et de développement de la personne ont noté une amélioration du climat dans leurs classes et un approfon­dissement de leur relation avec leurs élèves. Ils ont également remarqué qu’avec ce mode d’intervention personnalisée ils découvraient des aspects de la personnalité de leurs élèves qui leur permettaient de mieux leur enseigner et mieux les guider dans leur comportement.

Puis pendant bon nombre d’années leur attention s’est portée sur l’assimilation des nouveaux programmes. Ils se disent maintenant souvent accaparés par ces contenus, et semblent dire qu’on leur a indiqué de revenir à la base de l’enseignement c’est-à-dire «à la matière» ! On a observé cet accent notamment dans les journées de perfectionnement.

Pour une grande proportion d’enseignants la préoccupation face à la matière a préséance sur la préoccupation face à la personne de l’élève. Pas étonnant car on les a formés, et on les forme encore à être des spécialistes de la matière plus que des spécialistes de l’interaction humaine. (Ici il ne faut pas trop généraliser car certains jeunes diplômes des sciences de l’éducation semblent très à l’aise à interagir avec des élèves ayant des difficultés à apprendre ou à animer une réunion de classe alors que d’autres semblent ne pas avoir appris ces techniques fondamentales.)

Depuis quelques années, suite à l’accroissement des difficultés d’apprentissage, des problèmes de comportement, de démotivation et finalement du décrochage scolaire, actif ou passif, plusieurs enseignants ne savent où se tourner. Évidemment plusieurs enseignants et directions se tournent vers plus de discipline imposée de l’extérieur. Ne maîtrisant pas la méthodologie de l’autodiscipline et de la gestion participative de la classe ils recourent aux punitions, qui refont surface sous l’euphémisme «conséquences».

Plusieurs réclament de l’aide des professionnels des sciences humaines. On voit assez souvent des «spécialistes du comportement» s’occuper de situations que l’enseignant aurait avantage à régler lui-même. Pour ce faire cependant il a besoin de maîtriser les procédés et adopter les attitudes qui lui permettraient d’intervenir efficacement et sans stress dans ces situations qui semblent actuel­lement le dépasser. Une consolidation de ses compétences dans le domaine des facteurs hu­mains contribuerait grandement à diminuer son stress et augmenter les chances de réussite de ses étudiants.

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