éducatrice à l'enfance

Dilemme moral une approche pratique de développement éthique

Déjà publié dans Revue de psychologie appliquée

 

Les approches traditionnelles et nouvelles

Plusieurs méthodes de développement moral ont été employées dans le passé. Les plus courantes consistaient à donner l’exemple, persuader, limiter les choix, dramatiser, établir des règles et des règlements, enseigner des dogmes religieux ou culturels, faire appel à la conscience. Les conseils, les ordres, les leçons, les prêches, les menaces, les critiques, les félicitations, les interrogations et l’ironie ont donné peu de résultats dans le domaine du développement.

Cependant des expériences récentes démontrent qu’une approche de facilitation du développement moral amène les résultats productifs que la transmission directive n’a pas réussi à donner.

Voici une expérience de nouvelle approche socratique avec l’approche du développement du raisonnement moral de KOILBERG.

Cette méthode s’attache au processus de développement éthique. Elle permet aux participants de raisonner sur des situations et non de leur transmettre certains comportements consi­dérés comme corrects. On peut dresser une comparaison avec les méthodes d’enseignement des mathématiques. Les approches pas­sées semblaient viser à apprendre des bonnes réponses ou des manières établies de les trouver. Les méthodes actuelles semblent viser à développer les facultés intellectuelles de raisonne­ment qui permettent de résoudre des problèmes.

 

Développement moral cognitif

KOHLBERG présente une méthodologie pratique socratique du développement éthique. Dans le sillon de PIAGET, KOHLBERG a identifié six stades universels de développement moral. Ces séquences, établies à la suite d’études longitudinales, se présentent toujours dans le même ordre, quelle que soit la culture où l’enfant, l’adolescent, l’adulte vit.

Après avoir administré ses tests à un large échantillon d’enfants, d’adolescents et d’adultes, Kohlberg et ses collaborateurs ont conclu que le développement moral est :

  1. Séquentiel : il se développe par étapes successives qu’on ne peut devancer.
  2. Irréversible : une fois un stade acquis, on ne régresse pas à un stade antérieur
  3. Intégratif : parvenu à un stade on comprend les raisonnements des stades précédents.
  4. Transculturel : dans toutes les cultures, le développement moral suit les mêmes étapes.

Tous et chacun de nous passons par le premier stade et franchis­sons nécessairement le second avant d’atteindre le troisième, et ainsi de suite. Dans certaines cultures les gens passent plus vite à des niveaux plus avancés et les atteignent en plus grande pro­portion, mais néanmoins le passage du premier au second, puis au troisième se présente universellement (KOHLSERG).

Voici la description que KOHLBERG donne du raisonne­ment moral propre à chaque stade. Les six stades sont regroupés en trois niveaux, pré conventionnel, conventionnel, post conventionnel. Les âges indiqués sont des moyennes observées. Certaines personnes peuvent être précoces ou plus lentes par rapport à ces valeurs indiquées.

A. Niveau pré conventionnel.

A ce niveau on répond aux règles de l’entourage et aux éti­quettes de bien et de mal en termes des conséquences physiques ou hédonistiques d’une action (punition, récompense, échange de faveurs) ou en termes de la force physique de celui qui dicte les règles.

1er stade : Orienté vers les punitions et l’obéissance. (2-6 ans) Le bien et le mal sont définis d’après leurs conséquences physiques. Eviter les punitions et l’obéissance aveugle sont des valeurs en soi, et non par respect de l’ordre moral qu’ils impliquent (ceci. apparaît au 4′ stade). Par exemple, voler si on croit qu’on ne peut pas se faire arrêter, ne pas voler si on croit qu’on ne se fera pas arrêter par la police ou autre autorité.

2e stade : Orienté vers l’intérêt personnel. (5-7 ans) La bonne action est ce qui satisfait ses propres besoins et à l’occasion les besoins des autres. Les relations humaines sont vues comme un marché. La réciprocité et l’égalité y sont présentes, mais toujours sous l’angle physique pratique. Ce n’est pas une question de loyauté, de gratitude ou de justice. Par exemple, voler pour les avantages matériels que ça rapporte, ne pas voler si les avantages sont moindres que les inconvénients.

 B. Niveau conventionnel.

À ce niveau répondre aux attentes de sa famille, aux règles de son groupe ou aux lois de sa société est reconnu comme une valeur en soi, indépen­damment. des conséquences immédiates évidentes. Non seulement une conformité mais une loyauté, un maintien actif de l’ordre social, une justification de- cet ordre et une identification aux autres personnes ou au groupe impliqué.

3e stade : Orienté vers l’accord interpersonnel, (7-12 ans) ou « bon gar­çon-bonne fille ». Sa principale interrogation est : que va-t-on penser de moi ? Une action est bonne quand elle plaît aux autres, les aide et en reçoit approbation. Grande conformité à la majorité ou au comportement « naturel ». Le comportement est souvent jugé d’après les intentions; « il a une bonne intention » apparaît à ce moment. On obtient l’approbation en étant « gentil ».

Par exemple on ne vole pas pour ne pas faire de peine à quelqu’un ou on vole pour faire plaisir à quelqu’un.

4e stade : Orienté vers « la loi et l’ordre ». (10-15 ans) Orienté vers l’autorité, les règles établies, et le maintien de l’ordre social. Une bonne action consiste à faire son devoir, montrer du respect pour l’auto­rité, et maintenir l’ordre social pour lui-même. Il respecte les lois même si cela va contre son intérêt et obéit aux ordres de ses supérieurs, peu importe ce qu’ils demandent. On se croit justifié quand on respecte la loi et qu’on obéit aux consigenes. Par exemple, on ne vole pas parce que c’est interdit par la loi ou on vole pour éviter d’être accusé de non-assistance à personne en danger.

C. Niveau post-conventionnel, autonome, « à principes »

A ce niveau on voit un effort net pour définir des valeurs et prin­cipes moraux qui ont une validité et une application indépendam­ment de l’autorité des groupes ou des personnes qui présentent ces principes et de l’identification d’une personne avec son groupe. On fonde son jugement moral sur ses propres valeurs morales. On peut enfreindre une loi si on la juge injuste ou on s’abstient de certaines activités même si la loi les autorise.

5° stade : Orienté vers un contrat social légaliste. Une bonne action tend à être définie d’après les droits individuels généraux, et de normes, qui ont été étudiés d’un œil critique et acceptés par l’en­semble de la société. Il y a une perception claire du relativisme des valeurs et des opinions personnelles et une emphase corres­pondante sur les règles et les procédés nécessaires à atteindre un consensus. En plus de l’accord constitutionnel et démocratique, ce qui est correct, reste une question de valeurs et d’opinions personnelles. On y voit l’accent sur le « point de vue légal » mais avec la possibilité de changer la loi d’après des considérations rationnelles d’utilité sociale (plutôt que de bloquer à « la loi et l’or­dre » du 4e stade). En dehors du domaine légal la libre entente ou le contrat est l’élément d’obligation. C’est généralement la moralité « officielle » des gouvernements. Par exemple, on vole si on le croit justifié par des circonstances hors de l’ordinaire ou on ne vole pas si on croit que cela bouleversera les ententes faites avec le propriétaire du bien.

6e stade : Orienté vers des principes éthiques universels (1 personne sur 4 atteindrait ce stade) Le bien est défini par une décision de conscience, en accord avec un principe éthique choisi de façon autonome et répondant à la compréhen­sion logique, l’universalité et la cohérence. Ces principes sont éthiques et abstraits : au fond ce sont des principes universels de justice, d’égalité et de réciprocité des droits humains et de res­pect de la dignité des êtres humains comme personnes individuelles (KOHLBERG). On agit alors selon des valeurs morales qu’on se donne et qui priment sur le respect des lois. On est prêt à défendre un jugement moral minoritaire.On peut enfreindre une loi qu’on juge injuste ou e juger injuste une action permise par la loi. Par exemple, on peut voler pour sauver une vie ou s’abstenir de voler pour ne pas briser l’équilibre entre les personnes..

Niveau pré-moral

Précédant le premier niveau de « raisonnement moral » existe un stade pré-moral où ce qui est bon est ce qui est agréable aux sens (KOHLBERG). De plus KOHLBERG entrevoit maintenant la possibilité d’un septième stade qu’il nomme temporairement « mys­ticisme rationnel ». À ce stade, en plus de comprendre la justice, de démontrer une capacité d’aimer ses semblables, et de se consa­crer à un travail qui constitue une vocation significative (carac­téristiques du sixième stade), on « peut accepter et aimer un monde qui inclut l’injustice, la douleur et la mort comme par­ties intégrantes de l’existence » (KOHLBERG).

Les personnes sont généralement cohérentes, c’est-à-dire prennent la moitié de leurs décisions à un stade précis et un quart à chacun des stades adjacents (KOHLBERG). La méthode de classification des motifs moraux selon KoHL­BERG assure une fiabilité intégrée de .94 (TURiEL). Ceux qui débutent dans l’emploi de ses échelles ont généralement une tendance à évaluer les raisonnements moraux à des stades plus élevés que l’équipe de KOHLBERG (KUHMERKER). Dans des situations fictives on fait des choix à un niveau plus élevé que dans des situations vécues.

Ces stades d’évolution morale ne sont pas sans rappeler les niveaux de développement de la personne selon la théorie de la désintégration positive de DABROWSKI. Ses cinq niveaux indiquent les dynamismes et motivations qui dirigent la conduite de la personne. Au premier niveau les impulsions primitives, de forts instincts de combat et de préservation dominent; au second apparaissent les ambivalences, la nervosité, et un sentiment d’infériorité envers les autres; au troisième niveau le sentiment d’infériorité est envers soi-même et il s’accompagne d’une hiérarchisation des valeurs, et de conflits internes qui vont quelquefois jusqu’à la tendance au suicide; au quatrième, la conscience de soi est très élevée, la responsabilité, l’empathie et une systématisation du milieu interne; le cinquième niveau, celui de l’intégration secondaire est caractérisé par l’autonomie, l’authenticité, une responsabilité très élevée, une réalisation concrète de l’idéal personnel, l’empathie très développée et la synthèse de l’essence individuelle et universelle.

Cependant DABROWSKI croit que KOHLBERG ne dépasse pas le troisième niveau de sa hiérarchie. Même le sixième stade, carac­térisé par l’autonomie de conscience, n’indique pas quelles moti­vations sont incluses dans ces décisions autonomes (13). Dans une analyse anonyme précédant cette discussion DABROWSKI avait classé les réponses fournies par KOHLBERG pour expli­quer ses six stades moraux. De ces trois séries, s’échelonnant chacune sur les six stades moraux, DABROWSKI n’en a classé aucune plus haut que le troisième niveau. Le taux de concordance entre les jugements des deux auteurs est modéré, soit à un niveau de confiance de .20.

Le développement moral se poursuit généralement avec la croissance. Les jeunes enfants et les délinquants vivent typique­ment aux premier et deuxième stades. La population adulte agit en général d’après les motifs du niveau conventionnel (troisième et quatrième stades). Et un faible pourcentage (20 à 25 %) par­vient au niveau post-conventionnel, dont seulement 5 à 10 % au sixième stade (HOLSTEIN).

L’adolescence (de 11 à 16 ans) est une période de dévelop­pement moral accéléré. On observe en particulier une différence importante entre les jeunes de 11-12 ans et les adolescents de 14­-16 ans. La moralité autonome se développe entre 12 et 16 ans. Aucune différence significative ne peut être retenue entre gar­çons et filles de 10 à 17 ans (SIMON et WARD). Le passage du niveau pré-conventionnel aux stades conventionnels s’opère généralement en Amérique juste avant l’adolescence et au niveau post-conventionnel vers la fin de l’adolescence, soit de 15 à 19 ans.

Ceux qui n’ont pas atteint le niveau conventionnel vers treize ans et/ou ceux qui ne sont pas parvenus au niveau post-conven­tionnel (pour au moins 20 % de leurs décisions morales) à la fin de leur cours secondaire (vers 17 ans) n’atteignent généralement pas le niveau de raisonnement post-conventionnel à l’âge adulte (KUHMERRER (31]). Plus on est âgé plus le passage à un stade plus évolué est long et difficile : à l’âge mûr des événements pénibles ou extraordinaires sont souvent nécessaires à un déve­loppement moral (PORTER).

Il existe une corrélation positive directe entre le quotient intellectuel et le stade de développement moral (SIMON et WARD). Il n’y a pas de lien entre l’affiliation ou l’éducation religieuse et le développement moral (KOHLBERG).

La maturité morale est positivement reliée à l’empathie, capa­cité de comprendre le point de vue des autres, et également à l’autonomie et à la socialisation (GREIR et HOGAN). Rece­voir de l’empathie, être compris par d’autres ne suscite pas de progrès moral; cependant le fait de donner de l’empathie, de tra­vailler à comprendre .les points de vue d’autres personnes amène un passage à un stade plus élevé de développement moral. Ceci a été démontré expérimentalement dans une situation où des étu­diants bénéficiaient de consultation centrée sur le client et que d’autres fournissaient ce même genre de consultation à .d’autres (DOWELL cité par KOHLBERG).

Les enfants qui ont atteint un haut niveau de jugement moral ont aussi des parents qui agissent selon des critères moraux de stades élevés. Les parents qui dans leur dialogue emploient des comparaisons de point de vue ont des enfants moralement plus avancés. La tendance à stimuler la prise de rôle réciproque est reliée à la maturité morale de leurs enfants (HOLSTEIN).

Dans des questionnaires écrits les enfants préfèrent les concepts au-dessus de leur stade à ceux qui sont en dessous. Ils compren­nent plus difficilement les motifs qui les dépassent de deux stades que ceux qui les dépassent d’un stade et ces derniers plus diffi­cilement que ceux qui leur sont inférieurs d’un stade (REST, TURIEL et KOHLBERG).

Le passage au stade suivant implique une réorganisation cogni­tive interne plutôt qu’une simple addition d’un contenu plus difficile et provenant de l’extérieur (KOHLBERG). Être confronté à des personnes qui fonctionnent à un stade moral plus élevé incite quelqu’un à remettre en cause ses motifs moraux, et très souvent à passer à un stade moral plus avancé. La métho­dologie de KOHLBERG consiste justement à créer chez l’individu une dissonance cognitive en présentant un dilemme moral et en lui demandant de faire un choix selon ses critères personnels. À la faveur des réponses de niveaux différents exprimées dans un groupe, il confronte les personnes à des motifs du stade suivant le leur, tels que présentés par des participants à la discussion. Il serait en effet inutile de confronter quelqu’un à des motifs qui le dépassent de deux stades car il les comprendrait très difficilement. C’est une application méthodologique de l’observation du développement moral par stades (KOHLBERG).

Prendre ses décisions face à un dilemme moral serré et les confronter à celles du niveau suivant amène une évolution à un stade supérieur. Cette même observation d’accès à des «niveaux supérieurs de vérité » a été d’autre part faite par Dolci dans un groupe de discussion morale avec des adultes.

KOHLBERG emploie des dilemmes théoriques et non des situations actuellement vécues par les participants : cela éveille moins les défenses et favorise l’exploration de stades nouveaux. Il y a cependant une forte corrélation entre le niveau moral dans des dilemmes réels et hypothétiques (KOHLBERG). Et un change­ment de niveau moral amène généralement, mais pas toujours, un changement d’agir (PORTER). Deux rencontres hebdomadaires de discussion de dilemmes moraux durant 12 semaines ont amené un progrès d’un stade moral entier. Cette évolution était conservée après un an dans les deux groupes d’enfants de 12 et 16 ans (BLATT et KOHLBERG). Dans un kibboutz, des adolescents défavorisés ont montré un rapide développement moral par simple exposition à leurs cama­rades. Le kibboutz est athée (BAR-YARN et KOHLBERG).

 Une brève expérience avec la méthode de Kohlberg

Comme exemple concret de la méthodologie de KOHLBERG, voici le compte rendu d’une brève expérience. Le même dilemme moral a été présenté à des jeunes de 8, 10, 12, 14 et 17 ans. Après lecture du dilemme le facilitateur aidait les participants à clarifier, préciser leurs motifs moraux de décision. Cependant, contraire­ment à KOHLBERG, le moniteur ne confrontait pas les points de vue avec des motifs de niveau supérieur : l’opération consistait alors seulement à clarifier les prises de position de chacun. Ces conver­sations duraient 30 minutes et étaient enregistrées. Pour les grou­pes de 12, 14 et 17 ans une réponse écrite fut demandée avant et après la discussion. Le dilemme employé était la version B dun dilemme classique de KOHLBERG. En voici le texte intégral de la version présentée aux jeunes.

Un homme et sa femme sont arrivés dans un pays. Ils ont commencé à cultiver la terre mais il n’y eut pas de pluie et rien n’a poussé. Personne n’avait assez de nourriture. La femme est tombée malade parce qu’elle avait très peu de nourriture : elle ne pouvait que dormir. Finalement elle était près de mourir à cause du manque de nourriture. Son mari ne pouvait pas trouver de travail et la femme ne pouvait pas déménager dans une autre ville. Il n’y avait qu’une épicerie dans le village, et l’épicier exi­geait un très haut prix pour la nourriture parce qu’il n’y avait pas d’autre magasin d’alimentation et que les gens ne pouvaient pas acheter leur nourriture ailleurs. Le mari a demandé de la nourriture à l’épicier et lui a dit qu’il paierait plus tard. L’épicier lui a répondu « Non, je ne te donnerai pas de nourriture si tu ne paies pas d’abord. » Le mari est allé voir les gens du village et leur a demandé de la nourriture mais personne n’avait de nour­riture à partager. Alors il est devenu découragé et a défoncé le magasin pour voler de la nourriture pour sa femme.

-Le mari aurait-il dû faire cela?

-Pourquoi? « (KHOLBERG)

Voici la version originale de KOHLBERG : «  La femme de Heinz est très malade. Elle peut mourir d’un instant à l’autre si elle ne prend pas un médicament X. Celui-ci est hors de prix et Heinz ne peut le payer. Il se rend néanmoins chez le pharmacien et lui demande le médicament, ne fût-ce qu’à crédit. Le pharmacien refuse. Que devrait faire Heinz ? Laisser mourir sa femme ou voler le médicament ? »

Ce qui importe pour déterminer le stade moral ce n’est pas la réponse donnée mais le motif de la décision. Dans l’analyse, on ne tient pas compte du « oui ou non » à la question « Aurait-il dû faire ça? Mais seulement des motifs invoqués pour le faire ou ne pas le faire. D’ailleurs bien souvent les mêmes valeurs ont été mentionnées à la fois en faveur et en opposition au comportement du mari. Les premières réponses sont souvent vagues et des reflets et questions de clarification sont nécessaires pour préciser le raisonnement de la décision.

Voici quelques interventions de clarification extraites de ces séances.

– II a bien fait.

– À ton avis il devait prendre la nourriture.

– Oui pour garder sa femme.

– C’est important à ton avis que sa femme reste avec lui.

– Bien sûr; c’est elle qui lui fait ses repas, qui entretient son linge.

– Il serait bien mal pris s’il perdait sa femme alors.

– Bien oui; comme mon père. II ne saurait plus quoi faire si ma mère ne lui préparait pas son linge, puis son manger.

– Donc il devait prendre la nourriture pour conserver sa femme qui prend soin de lui comme ça.

– Oui comme moi, ma mère, je veux la garder pour qu’elle prenne soin de moi.

– Pour l’homme et pour toi, c’est la même chose : c’est néces­saire d’avoir une femme qui prend soin de nous.

– Oui c’est ça!

……………………………………………………….

– Il devait prendre la nourriture.

– À ton avis il a bien agi.

– Oui, une vie humaine c’est plus important qu’un sac de nour­riture.

– Prendre un sac de nourriture ce n’est pas grave quand il s’agit de sauver une vie humaine.

– Une vie humaine, c’est plus important qu’une chose matérielle. Voilà tout!

……………………………………………………….

Bien oui; il prendrait la nourriture et sauverait ainsi la vie de sa femme. Puis il se ferait arrêter par la police et irait en procès. Mais le juge l’acquitterait ou lui donnerait une bien petite punition car il verrait sa bonne intention. Il ne mérite pas de châtiment car ses intentions sont bonnes. Oui. Evidemment il a volé. Mais puisqu’il l’a fait pour aider sa femme, son intention était bonne et le juge doit en tenir compte. Si on fait un délit avec de bonnes intentions ce n’est pas aussi grave. Oui. Il faut tenir compte des intentions!

……………………………………………………….

– Oui, parce qu’il l’aimait.

– Pour toi le fait -qu’il aime sa femme justifie qu’il prenne la nourriture ?

– Bien oui; s’il est marié avec elle c’est qu’il l’aimait, qu’il la veut comme compagne pour la vie.

Alors, il ne veut pas la laisser mourir.

– Puisqu’il est attaché à vivre avec elle, il lui donne là nourri­ture nécessaire pour continuer de vivre avec elle.

– Il doit faire ce qu’il faut pour garder sa compagnie

– Oui quand on se marie, c’est pour ça!

……………………………………………………….

– Oui. Si c’est dans un petit village, oui.

– Il a bien agi de prendre la nourriture du magasin puisque c’est dans un petit village.

– Vois-tu, dans un petit village, il n’y a pas beaucoup de police, peut-être même aucune. Alors il n’y a pas de danger de se faire arrêter. Il peut la prendre.

– Il prend la nourriture car il sait qu’il ne sera pas arrêté.

– Oui, si c’était dans une ville, il ne devrait pas parce qu’il se ferait mettre en prison.

– Donc il a bien fait de prendre la nourriture parce qu’il ne ris­que pas de se faire prendre.

– Oui. C’est ça!

……………………………………………………….

– Non, il ne devrait pas parce que la police va l’attraper.

– Il ne prend pas la nourriture car il se ferait prendre.

– Bien oui, il ira en prison.

– Ce serait l’inconvénient : il irait en prison.

– Oui et là il serait tout seul.

– C’est le malheur de la prison être seul.

– Oui et là il n’aurait pas sa femme non plus. Il serait seul et s’ennuierait d’elle.

……………………………………………………….

– Il n’a pas bien fait car le bon Dieu a dit : « Tu ne voleras pas. »

– On ne doit pas voler.

– Non jamais. Pour aucune considération.

– Même pas pour sa femme, comme dans notre histoire.

– Non jamais, jamais.

……………………………………………………….

– Non, il ne devrait pas voler. Car si on vole on ne peut plus se fier à personne.

– S’il volait, on ns pourrait plus se fier à lui.

– Si on volait, ce serait beau! Tout le monde prendrait nimporte quoi qui ne lui appartient pas. On ne saurait jamais à qui se fier. La vie serait impossible.

– Pour vivre en société, il est indispensable de ne pas voler.

– Sinon, c’est l’anarchie, le désordre, la pagaille. Et on ne peut plus vivre ensemble.

……………………………………………………….

Voici les motifs invoqués regroupés selon le stade moral, l’âge et la première et deuxième partie (A et B) de la discussion, ceci pour voir si un changement serait noté durant la discussion (Tableau 1). La même personne peut avoir donné son point de vue plus dune fois durant la conversation : il est alors noté chaque fois. Quelqu’un peut avoir changé de motif sans pour autant passer à un autre stade.

Quelques observations de cette brève expérience. Les enfants de 8 et 10 ans sont au deuxième stade (relativisme instrumental : la valeur de la vie réside en la satisfaction de ses besoins), ceux de 12 ans ont un indice moyen de 2,5 et ceux de 14 et 17 ans 2,75. Durant (presque au 3e niveau : accord interpersonnel et appro­bation : la valeur de la vie réside dans l’affection et l’échange social) l’adolescence (12 à 17 ans) le groupe présente un plus grand écart de motifs que lenfance (niveaux 1 au 3′) . Ceci tend à confirmer que l’adolescence est une période de développement moral accru. Très peu de ces jeunes sont parvenus au niveau de moralité de principes personnels, post-conventionnels. Les diffé­rences entre les réponses écrites et orales (Tableau II) sont négli­geables, bien que les réponses orales indiquent une tendance à une plus grande concentration à un même niveau, surtout dans la seconde partie de la conversation.

La discussion a amené dans les réponses écrites (Tableau III) une croissance de plus de la moitié d’un stade chez les participants de 12 ans, et aucun mouvement chez ceux de 14 et 17 ans. L’âge de 12 ans serait une période de progrès rapide sur le plan moral. La conversation indique une croissance considérable chez les groupes de 10 ans et 12 ans, modérée chez celui de 14 ans et une baisse modérée chez celui de 17 ans, et pratiquement nulle à 8 ans. Le début de l’adolescence commencerait une évolution morale accé­lérée. La fin de l’adolescence verrait ce rythme de croissance diminuer. La discussion, telle qu’elle sest déroulée, avec clarifica­tion mais sans confrontation, amène plus de la moitié à rester à leur même niveau. Près d’un participant sur trois passe au stade suivant le sien. A 12 ans on ne note aucune régression mais à 14 et 17 ans ce reflux est sensible.

TABLEAU 1. – Motifs invoqués

ÂGES
8 10 12 14 17
A B A B A B A B A B
STADE 1
Ira en prison, sera                arrêté, poursuivi, saisi, payera une amende, aura une dette 5 2 8 1 5 2 1 2
À peu de chance d’être arrêté, d’aller en prison, s’il y a peu ou pas de policiers, de prison, ou de témoin 1 1 1 5 1 1
Il laisse mourir sa femme et la mange, ou retire l’assurance 2
                       TOTAL 5 2 11 2 6 5 3 1 1 2
STADE 2

Sa femme, s’occupe de lui : prépare ses repas, repasse

son linge, l’aide à cultiver, entretient, garde la maison

3 1 4 1 1
Il a eu tellement de trouble avec elle qu’il la laisse et s’en aille 1
En prison il sera nourri 2 1 2 1
Si la police l’attrape sa femme mourra (seule) quand

même ………………………………………………

2
Prendre la nourriture car il aura bientôt faim lui-même

Ne pas laisser mourir sa femme : la garder en santé, et lui

1 1 2 4
Voler de la nourriture ne nourrit que pour peu de jours seulement 1
Si l’épicier vend trop cher, personne n’achètera et il devra donner sa nourriture 1
Les deux se feront arrêter suite au vol et en prison ils seront nourris (ou les deux seront nourris : la femme par le mari et le mari en prison) . 1 4 1 1 1
Les deux meurent et dans une vie nouvelle ont de la nourriture
Laisser mourir sa femme et s’en aller dans un pays où il aura de la nourriture 1 1
TOTAL 6 7 6 2 10 1 3 3 1 1
STADE 3
Perdant sa femme il aura de la peine : sera seul, démoralisé, désespéré, mourra de chagrin, ou en deviendra fou (perdra sa joie)           
Il aime sa femme, tient à elle, est attaché à elle : ils sont mariés par amour, ils font leur vie ensemble, elle est sa raison de vivre, il veut avoir un enfant avec elle 3 2 2 3 2 2 1 1
S’il laisse mourir sa femme il se sentira coupable 4 2 4 4 15 3 8
Voler « ça ne se fait pas : si tout le monde le faisait, ça serait beau! » Ce n’est pas beau  
Il aurait la clémence du juge : les circonstances du vol, la raison de la faim, de la vie de sa femme 1 1
Il (ou les deux) endurera un peu de prison et ensuite ils recommenceront à vivre ensemble 1 1 3 4 3 1 1
S’il vole : les autres du village seront mal pris : représailles de l’épicier 1 2
II l’a fait par bonne intention : c’est l’intention qui compte 1 1
                     TOTAL 2
STADE 4

Dieu a dit : tu ne voleras pas : ce n’est pas chrétien, malhonnête

4 3 2 8 7 12 11 18 4 le
Le juge serait sévère à son égard : un vol en temps de sécheresse c’est grave 1 1
L’épicier est quand même dans son droit 1
                       TOTAL 2
STADE 5

En toute conscience on ne peut prendre le bien

d’autrui ……………………………………………….

1 2 1 1
La vie d’une personne est plus importante qu’un bout de papier (argent), qu’une vitre brisée, qu’un sac de nourriture (6?) 1
                       TOTAL 3 1
STADE 6

On ne laisse pas mourir une personne

3 1 1
                       TOTAL 1
GRAND TOTAL 16 12 20 12 24 23 18 23 8 13
3 2 4 7 4 1 2 1      
 

 

 

Tableau 2 : Réponses, selon l’âge et le stade moral,

données pendant la 1re (A) et la 2e (B) parties de la discussion orale (a)

et des discussions écrites (E) précédant et suivant celle-ci, en nombres absolus et en pourcentages.

ÂGES
Stades 8 10 12 14* 17 Total
N

NN

NAA A N B

%

N A

%

N B

%

N A % N B

%

N A % N B

%

N A % N B

%

4 15 1 4 1 3 3 10 1 6 1 6
E
1 0 5 31 2 17 11 55 2 17 6 25 5 22 3 17 1 4 1 13 2 15 38
I 6 38 7 58 6 30 2 17 10

10

37

42

6

1

22

4

13

3

42

17

9

3

29

13

9

1

50

13

4

1

22

8

40
2 E

0

E 11 41 15 56 16 52 18 58 5 28 12 67
3 0 4 25 3 25 3 15 8 67 7 29 12 52 11 61 1 78 4 50 10 77 80
Il 4 E

0

2

1

7

4

3

2

11

9

1 6 1 3 1

1

6

13

1 6 5
E 2 7 1 3
5 0 3 13 1 4 1 13 5
III
E
6 0 1 6     2   2 1 1 1
E 27 27 31 31 18 18
Effectifs 0 16 12 20 12 24 23 18 23 8 13 169
Stade E 2,41      ( <) 2,96 2,58      ( *) 2,55 2,78       ( *) 2,7)2
moyen 0 2,18 (2,08 160 (         ( <) 2,50 2,12      ( <) 2,86 2,55      ( <) 2,87 3,00        ( ( 2,61)
Moyenne 0 2, 14

,

1,94 2,49 2,73 2,76
par âge

 

 

Tableau 3

Mouvements de stade moral observés dans les réponses
écrites avant et après la discussion.

ÂGES
12 ans 14 ans 17 ans
Mouvement N                  % N                  % N                  %
-.3

– 2

– 1

0

+ 1

+ 2

+ 3

+ 4

16                      59

9                     33

1                        4

1                        4

1                     3

6                      19

18                      58

5                      16

1                     3

2                      11

11               61

5                  28

Effectifs  ….      27 31 18
Mouvement

moyen ……….

+ – 0,59 – 0,07 – 0,06

Garçons seulement.

 

On ne peut spéculer sur les effets de cette expérience à long terme. Un développement de ce type ne se fait pas en trente minutes et plusieurs dilemmes et discussions seraient nécessaires à consolider et augmenter la croissance morale notée chez la plu­part de ces groupes.

 

Implications éducatives

L’ensemble de ces méthodes néo-socratiques suggèrent cer­taines implications pour nos pratiques éducatives. Le développe­ment moral et la clarification des valeurs se rapportent aux motifs qui sous-tendent les actes. Cette attention au milieu interne de l’autre est une intervention que les éducateurs doivent employer de toute nécessité s’ils veulent apporter une contribution à la croissance éthique des jeunes. En ce sens la modification du compor­tement est un procédé tout à fait stérile : non seulement elle ne stimule pas le processus d’évaluation mais encore elle peut contri­buer grandement à rigidifier l’évolution d’un jeune au stade où il est rendu. En particulier l’usage de la modification de comporte­ment avec des personnes qui sont à des stades peu évolués (jeunes enfants, délinquants, etc.) risque grandement de les priver doc­casions dexplorer des niveaux plus avancés de raisonnement moral. Un exemple simple : si un jeune chahute par crainte du chef de la bande et s’il cesse de le faire par soumission à ses parents ou à l’enseignant il reste au premier stade. Et dans une prochaine circonstance il agira encore selon « la loi du plus fort est toujours la meilleure ».

La confrontation est également nécessaire : elle suscite la dis­sonance cognitive essentielle à la réorganisation des motivations.

Un fonctionnement « démocratique » est essentiel au déve­loppement moral (DEWEY ; KOHLBERG). Une éducation autoritaire risque fort de faire plafonner les jeunes au niveau conventionnel. De même les décisions prises à la majorité exigent de la minorité une obligation d’agir aux 1e, 2e, 3e ou 4e stades.

L’approche de l’éducation établie par GORDON tant pour la famille que pour l’école est la plus fructueuse en ce sens. Le premier élément de formation quil donne à léducateur est la formation empathique : la compréhension des points de vue des jeunes pourra ainsi leur permettre de prendre conscience de leur vécu interne. Si le jeune a un problème, l’intervention de l’édu­cateur consiste à l’aider à clarifier ses motifs pour prendre une décision en accord avec lui-même. Si le jeune présente un compor­tement qui affecte l’éducateur, ce dernier le confronte authenti­quement en lui disant en quoi cela l’affecte. Ceci suscite chez lui une réorganisation du processus de décision. Dans un conflit avec l’éducateur ou avec le groupe, le jeune n’est jamais forcé d’accep­ter une solution qui ne correspond pas à ses motivations personnel­les, même pas par un vote de majorité : on y règle les différends par un procédé qui amène un consensus. Seule cette forme de réso­lution des conflits permet de développer l’autonomie morale et daccéder aux stades post-conventionnels de jugement moral. Pour ce faire chaque participant est appelé à comprendre les points de vue des autres; c’est une partie intégrante de l’approche sans per­dant : ces attentions de compréhension sont autant d’occasions de développer l’empathie et de permettre à certains membres du groupe le passage à un stade plus avancé.

HICKEY poursuit une expérience de vie « démocratique » avec 25 prisonniers et 5 gardes : il y allie la gestion du groupe et les discussions de dilemmes moraux. RATHS, SIMON sont convaincus que le développement des valeurs touche chez la personne un aspect distinct du plan affectif et du plan intellectuel. FRANKL est également de cet avis et reconnaît un facteur noologique, un facteur psychologique et un facteur biologique à la conduite de l’homme. ASSAGIOLI inclut dans sa psycho-synthèse le développement du soi primitif, du soi affectif et du soi spirituel. KOHLBERG souligne que la décision morale implique un aspect affectif et un aspect de rai­sonnement. Cette composante émotionnelle est assez vive et dans notre expérience nous avons pu constater que les dilemmes moraux sont affectivement lourds à supporter et que plusieurs jeunes ten­taient de se décharger de ce fardeau en évitant le dilemme par l’in­vention de solutions matérielles.

Une méthodologie du développement socio-affectif reste donc quand même une nécessité. Celle de BESSELL, PALOMARES et BALL a justement su tenir compte de ces facteurs. On y retrouve un programme gradué et concentrique de développement affectif. La cla­rification des émotions y amène les jeunes à accroître leur « cons­cience de soi et leur sensitivité aux autres, leur confiance en soi, spontanéité d’expression et efficience personnelle, l’appré­ciation de leurs capacités et de leurs limites, la compréhension interpersonnelle et la tolérance ». L’empathie y est reçue de l’édu­cateur et aussi donnée aux camarades. Dans des activités subsé­quentes les participants sont appelés à exprimer les valeurs de leurs actions en termes d’effets affectifs sur soi et sur les autres et léducateur aide les participants à en clarifier le sens.

Le renouveau actuel du développement de la personne atteint ses buts humains profonds quand il accorde à chacun le respect de son vécu interne, quand il lui fournit loccasion de vivre en accord avec lui-même, et ceci inclut lexploration de nouvelles attitudes qui pourraient convenir plus authentiquement à ses aspirations actuelles et quand il accorde une attention de développement aux divers aspects de la personne, incluant les aspects socio-affectifs et moraux-existentiels qui sont encore fort négligés.

 

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