2 parents qui aident au coloriage de 2 enfants

Comment j’ai mis instantanément fin aux colères d’un enfant… et comment je l’ai enseigné à des milliers de parents.

 

Expérience dans une famille amie

Le père me dit : Sébastien (3 ans) fait des crises, à propos de tout et de rien, il rage, il frappe du pied par terre, il s’emporte, devient tout rouge.

Lalanne : il ne parle pas beaucoup encore, j’imagine?

Père : Il parle quand même un peu. En général il s’exprime assez bien, il réussit à se faire comprendre. Mais quand il fait ses crises, c’est comme s’il perdait ses moyens.

Si ça se produit pendant que je suis ici, laisse-moi faire, je verrai ce que je peux faire.

Quelque temps plus tard, Sébastien rage, tape du pied, devient tout rouge.

Je lui dis tout simplement : «Tu n’es pas content.»

Il me répond, très expressif : «Non. Pas content.» Son regard me fixe.

Je reprends : «Tu n’aimes pas ça.»

Il enchaine : «Je n’ai pas ma balle.» Ses yeux s’adoucissent. Nous nous comprenons. Il se calme.

J’explique au père ce que j’ai fait et qu’il peut faire aussi en pareils cas : Par le reflet je montre que je comprends son état émotif et je lui propose des mots qui l’aideraient à exprimer sa frustration.

Je ne sais pas trop pourquoi, mais je sais qu’il est frustré. Alors, je lui dis quelque chose comme «Tu n’es pas content!» en montrant par mon ton de ta voix que je saisis qu’il est frustré. Je lui ouvre ainsi la porte de l’expression.

Essaie ça et donne-m’en des nouvelles.

… la rencontre suivante.

Père : Mon fils ne fait plus de crises. Dans les occasions où il s’est emporté, je lui ai dit quelque chose comme «Tu n’es pas content.», «Tu es tanné.» La plupart du temps il m’a dit «Oui. Je ne suis pas content.» Ça le calmait que je le comprenne.

Lalanne : Sans nécessairement savoir l’origine de sa frustration, tu lui montrais au moins que tu le comprenais.

Père : Plusieurs fois il s’est expliqué plus, par exemple : «Je veux sortir. Je veux aller dehors. » ou «Je veux sauter sur le trampoline.» Alors plus il en dit, plus il retrouve son calme. Il n’a plus besoin de faire de colère pour se faire comprendre.

 

Dialogue avec une mère

Première étape mettre fin à l’inacceptable

Mère : Mon fils me frappe. Il a 4 ans et depuis qu’il a 2 ans il me frappe à coup de pied dans les tibias. Ces coups me font mal, au point que j’en ai les larmes aux yeux parfois. l» ne sais plus quoi faire;

Lalanne : Acceptes-tu de te faire frapper?

Mère; Je n’aime pas ça évidemment.

Lalanne : Tu n’aimes pas ça, tu n’acceptes pas ça. Tu veux que ce comportement cesse.

Mère : J’aimerais bien qu’il cesse. Mais je ne veux pas le frustrer.

Lalanne : Acceptes-tu ce comportement? Veux-tu qu’il change?

Mère : Je n’accepte plus ce comportement.

Lalanne : Ce que tu n’acceptes pas, tu veux que ça change.

Mère : Oui, j’en ai assez. Je veux qu’il change.

Lalanne : À la bonne heure! Première chose : quand il te frappe tu lui dis et tu lui indiques par ton langage corporel, ton ton de voix, l’expression sur ton visage, que tu as mal et que tu n’aimes pas ça : «Aie! Ça me fait mal!» Puis tu l’empêches avec ta main de t’atteindre à nouveau. C’est la première étape : exprimer ton inacceptation, empêcher que ça se reproduise. Aucune punition, aucune menace, mais aucune acceptation de ce qui est inacceptable.

 

Deuxième étape : faciliter l’expression de l’enfant par l’écoute

Lalanne : Comme ton enfant ne parvient pas à s’exprimer par la parole et emploie le geste, il frappe. Une fois son comportement inacceptable évité, une fois ta douleur exprimée clairement sans le punir inutilement, il reste à le guider à exprimer sa frustration de façon acceptable. C’est ce que le reflet, l’écoute active fait. Elle met en mot ce qu’il ressent; elle lui fournit un langage pour manivester ce qu’il éprouve. Tu sais de quoi il n’est pas content?

Mère : Oui. Il voudrait un biscuit et je ne veux pas gâcher le repas que je lui prépare et que je lui servirai dans les minutes qui suivent.

Lalanne : Ton reflet ressemblerait alors à «Tu n’es pas content que je ne te donne pas un biscuit maintenant.»

Mère : Lui dire simplement ça?

Lalanne : Oui simplement ça. Simplement lui montrer que tu l’as compris, que tu comprends sa frustration.

Mère : Je vois. Je vais essayer ça. Je vous en donne des nouvelles.

… la semaine suivante, lors de la séance de formation Parents efficaces.

Lalanne : D’abord, révisons ce que vous avez fait cette semaine. Dans un premier temps, qu’avez-vous réussi?

Mère : J’ai appliqué ce que nous avions dit la semaine passée. D’abord je n’accepte plus que mon fils me frappe. Je lui ai fait savoir que ça me faisait mal, ce que je n’avais pas fait jusqu’à maintenant. Puis j’ai reflété sa frustration; il était comme satisfait, rassuré que je comprenne sa frustration. Ça l’a calmé. Il pouvait patienter tout à coup. J’ai été surprise.

Lalanne : Notons au passage que l’écoute active, le reflet calme une personne frustrée. Si tu veux, tu pourrais aller plus loin.

 

Troisième étape : proposer une solution mutuellement satisfaisante

Lalanne : Tu pourrais lui proposer une solution qui le satisferait et te satisferait aussi, par exemple «Veux-tu un morceau de céleri, une carotte, du poivron en attendant le repas?» Une solution gagnant-gagnant amènerait encore plus de contentement pour toi et pour lui. Mais déjà la colère est dissoute, c’est un grand pas de franchi.

Mère : Oui, je vois. Je fais ça parfois. Et ça règle le problème.

Lalanne : Si la solution est acceptable pour toi et intéressante pour lui, nous disons que nous avons une solutions gagnant-gagnant. C’est bon pour le parent et bon pour l’enfant.

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