Enfant dit NON à 2 ans Quelle bonne nouvelle !
Dialogue avec des parents
Que puis-je faire ? Elle n’a que deux ans et elle ne veut plus m’écouter. Elle n’a qu’un mot à la bouche : non!
Vous voulez dire, elle ne m’obéit plus?
Si vous voulez, écouter, obéir, ça s’équivaut, non?
Pas tout à fait. Elle peut vous entendre, vous écouter et décider autrement.
Si vous voulez.
D’abord j’ai une question de réflexion à vous soumettre : «Souhaitez-vous que votre enfant grandisse?»
Oui, bien sûr, évidemment, tout parent veut que son enfant grandisse!
Eh bien, votre enfant grandit : avant elle faisait tout ce que vous lui disiez, elle était dans votre ombre. Elle ne prenait aucune décision. Elle allait dans la direction où vous alliez. Elle ne prenait aucune décision. Elle ne savait que dire oui. Maintenant elle sait dire oui et elle sait dire non. Elle peut prendre des décisions. Elle aura besoin de savoir dire non dans sa vie plus tard. Et c’est maintenant qu’elle commence à l’apprendre. Et comme pour elle c’est quelque chose de nouveau elle l’essaie cent fois par jour, comme un enfant qui découvre comment allumer et éteindre la lumière, il actionne le commutateur à répétition.
Comment réagir alors à ce genre de réponse?
Préparez-vous chaque fois à la possibilité qu’elle vus dise non. Et quand elle vous le dit, d’abord ne dites rien. Vous remarquerez que souvent elle dit non, prend un moment de réflexion et prend la décision de le faire de toute façon. Alors c’est facilement réglé! Parfois ne rien dire, ne rien faire, patienter est le geste le plus efficace.
Dans d’autres situations elle semble y tenir. Vient alors le moment de négocier. Et l’enfant comme le parent doivent apprendre à négocier, c’est-à-dire trouver une solution qui convient à l’un comme à l’autre. Si elle ne veut pas mettre sa veste bleue, elle peut mettre la rouge, pourvu qu’elle ait chaud!
Ça peut durer longtemps ces négociations. Et parfois je n’ai pas le temps ni le cœur à ça!
D’accord, ça prend plus de temps, mais ça apporte la paix, la tranquillité et la collaboration. Ce n’est pas sans doute pas plus long que de répéter sans cesse la même chose sans résultat, de faire face aux hurlements, de monter le ton et crier l’une plus fort que l’autre.
Disons que ça ne prends pas vraiment plus de temps. Mais comment faire face à cette nouvelle attitude?
Dorénavant, comme votre fille grandit, vous prévoyez du temps pour négocier si nécessaire. Par exemple, pendant qu’elle prend son déjeuner vous lui dites : «Il fait froid aujourd’hui. Ils l’ont dit à la radio et on voit le givre sur la pelouse. Quelle veste vas-tu mettre, la rouge ou la bleu, c’est toi qui décide. Une excellente proposition pour commencer une négociation. Elle veut décider, elle veut avoir le choix. Alors, dans les situations appropriées vous lui offrez un choix. Plus vous lui offrez de choix, plus elle peut s’affirmer et satisfaire son besoin d’autonomie qui commence à se développer. Vous saisissez toutes les occasions pour lui offrir le choix : «Veux-tu beaucoup ou un peu de soupe? Veux-tu ton pain grillé ou tel quel? Veux-tu faire ta lecture maintenant ou après ton bain? Veux-tu aller jouer chez ton amie ou qu’elle vienne jouer ici?»
C’est tout un changement. J’aurai à m’adapter considérablement!
Vous aurez à vous adapter des dizaines de fois au cours de la croissance de votre enfant. C’est votre rôle comme parent de l’observer, de voir ce qui ne fonctionne plus et d’adopter de nouvelles interactions plus efficaces parce que mieux appropriées à son développement.
Vous pouvez vous dire que ce qu’elle démontre maintenant est une étape préalable à ce qu’elle démontrera à l’adolescence où son besoin d’autonomie se développera à vitesse grand v.
Mais parfois elle me dit des choses abominables! Elle dit qu’elle ne m’aime plus, qu’elle va changer de parents et partir vivre chez son amie, car sa mère est plus fine!
Les enfants ne maitrisent pas leur colère. Ils ne sont qu’une boule d’émotions et de besoins sans trop de raison. Comme les adultes parfois, souvent «leurs paroles dépassent leur pensée». D’ailleurs on dit que l’âge de raison commence à sept ans.
En réalité elle ne fait que dire «Je suis frustrée, très frustrée!» Oubliez ses paroles, intéressez-vous à son émotion. Voyez si vous pouvez satisfaire son désir alors, par exemple : «Je comprends. Tu n’aimes pas que je te coupe ta nourriture. Tu trouves que tu es assez grande pour le faire toute seule. Alors, d’accord! Je te laisse la couper toi-même.
Mais parfois je ne peux pas accéder à ses désirs, c’est alors le drame!
Très important. Si vous ne pouvez vraiment pas accéder à sa demande, ne le faites pas. Si vous le feriez vous iriez contre vous-même. Vous vous manqueriez de respect et vous inciteriez votre enfant à ne pas vous respecter.
Dites-lui que vous ne pouvez pas accéder à sa demande. Dites-lui que vous êtes désolée, que vous aimeriez lui accorder mais que ce n’est pas possible actuellement.
Ne lui tournez pas le fer dans la plaie en lui faisant la leçon sur ses demandes déraisonnables ou en vous excusant indéfiniment. «Voici ce que je peux faire. Voilà, c’est comme ça. Par exemple, je n’ai plus d’argent, j’ai du travail à faire, je veux me reposer, je dois téléphoner à ma collègue.»
En bref, elle peut exprimer ce qu’elle veut, mais elle ne peut pas faire tout ce qu’elle veut.
C’est une nouvelle étape dans le développement de votre enfant… et dans le vôtre comme parent!
Je vais essayer ça.
Avec la pratique, vous verrez, ça viendra! Persistez!
La scène au supermarché
- Me mettre à sa hauteur pour qu’il voie mes yeux, mon visage et mieux entendre ce que je lui dis.
- Lui dire que j’ai compris sa demande : «Tu aimerais que je t’achète ce jouet.»
- Lui dire que ce n’est pas possible : «Ce jouet coute trop cher. Je n’ai pas l’argent pour le payer.»
- Préciser le comportement que j’attends de lui : «Maintenant, tu viens avec moi, tu m’aides à mettre les choses sur le comptoir pour que la caissière compte combien je dois lui payer.»
- Le prendre doucement, l’amener au comptoir, lui donner le brocoli pour qu’il le donne à la caissière.