Comme les adultes, les jeunes agissent par besoin et recherchent l’autonomie et le contact et non la manipulation, la lutte de pouvoir, l’attention négative, la vengeance ou la subordination.
L’autonomie
L’autonomie signifie être une personne à part entière, avoir le droit de ses opinions, de ses paroles et de son territoire.
Si on respecte les jeunes, ils ne se rebellent pas.
Les jeunes se rebellent contre l’invasion de leur territoire, comme par exemple, lire leur courrier ou leur journal.
À tout âge on a besoin de choisir.
Les jeunes, par exemple, s’habillent et se coiffent à leur façon, simplement pour pouvoir s’identifier, porter ce qu’ils veulent sur leur personne. Tout jeune, l’enfant veut choisir les vêtements qu’il porte. Si l’on persiste à choisir les vêtements pour l’enfant, il n’apprend ni à choisir ses vêtements en fonction de la température et autre élément important dans la société.
Plus un enfant grandit plus sa responsabilité, sa capacité de choisir s’agrandit, et plus son éventail d’activités choisies doit s’agrandir.
Développer son identité.
Vers l’âge d’un an et demi, l’enfant dit non. Ce nouveau procédé lui permet de définir son identité, en se distinguant, en étant différent d’une autre personne. Le parent a avantage à reconnaître et accueillir ces différences, et de permettre à son enfant de se définir et de trouver ce qu’il veut, lorsqu’il dit non. S’il ne veut pas telle chose, qu’est-ce qu’il veut alors ? On n’aura pas de friction à cet âge si on offre un choix ou une autre idée.
Cependant, si on n’aide pas l’enfant à franchir adéquatement cette étape, on peut présumer qu’elle se prolongera et que l’enfant ou l’adolescent dira non pour simplement dire non, pour faire la preuve qu’il peut avoir une opinion différente.
L’adolescente que l’on décrit comme une période difficile, est en fait une période de définition de son identité. L’adolescent se révolte contre ses parents seulement s’ils emploient des méthodes autoritaires : ordres, menaces, réprimandes, ou autres attitudes qui sous-entendent que le jeune doit penser ou faire comme ses parents.
Une de mes filles, à 20 ans environ, m’a dit : «Je n’ai jamais pensé sortir avec un garçon simplement pour te narguer. Si je sortais avec tel ou tel garçon, tu me disais «Eh bien c’est ton choix ! Si tu te sens bien de sortir avec lui, c’est à ton avantage. Je n’aurais pas songé à faire quelque chose pour t’incommoder parce que je me rendais compte qu’avec mes choix, je m’aidais ou me nuisais à moi-même. »
Contact
Entrer en contact signifie être considéré et reconnu comme un interlocuteur valable. On satisfait son besoin de contact quand on exprime et quand quelqu’un nous exprime des sentiments d’appréciation, satisfaction et insatisfaction.
Le parent, l’éducateur, l’enseignant qui exprime sincèrement ses sentiments de frustration envers l’enfant crée avec lui un contact authentique, sain et direct. Par exemple, une mère allaitait et son enfant lui mordait quelquefois le sein ; les premières fois elle ne disait rien, croyant qu’il ne fallait pas frustrer l’enfant. Mais en fait, elle se frustrait elle-même. Après avoir fait cette constatation, elle lui dit avec le ton qu’il convient «Ouch ! Je n’aime pas que tu me mordes le sein, ça me fait mal !» Et même si le bébé n’avait pas un vocabulaire très étendu, il a compris et il a arrêté de la mordre. Et la relation est alors revenue agréable et mutuellement satisfaisante.
Autre exemple. Un enfant de 5 cinq ans mouillait son lit. Sa mère, frustrée de faire ses lavages quotidiens, tenta en vain toutes sortes de méthodes et visites au psychologue, au psychiatre et au travailleur social, pour régler le problème de l’enfant. Après des années de tentatives infructueuses sa mère lui dit : «Je suis frustrée de laver tes draps à tous les jours, etc.» C’était la première fois que l’enfant était confronté avec le fait que son habitude nuisait directement à quelqu’un d’autre. En l’espace de 10 jours, il a par lui-même réglé cette habitude, il a dit à sa mère : Ça va maman, j’ai compris.»
Un autre exemple ! On a remarqué que les jeunes délinquants qui volent des objets comme des magnétoscopes, des téléviseurs dans les maisons, s’en repentent fort peu. Leur réponse est très simple : «Ces gens sont riches et leurs assurances vont leur donner de l’argent pour qu’ils s’en achètent un neuf.» Toutes les remontrances des juges et les travailleurs sociaux ne réussissaient pas à les atteindre. Lors d’une rencontre entre les délinquants et les gens qu’ils avaient volés dans leur maison, ils ont pu entendre de leur bouche même l’expression de leur frustration profonde, la crainte de se faire voler à d’autres moments, l’insécurité, l’inquiétude de retrouver leur maison sabotée, la frustration d’avoir vu leur espace intime et personnel envahi par des étrangers sans permission. Les jeunes ont été touchés profondément par cette confrontation authentique ; ils ne cessaient de dire : «Nous ne voulions pas vous importuner à ce point, nous ne voulions pas envahir votre vie intime, nous voulions simplement prendre un magnétoscope et le revendre.» Ils ont alors compris l’effet concret et personnel que leur comportement avec provoqué chez les autres. Cette expression authentique de la frustration a créé un contact authentique.
Régler des conflits avec une attitude donnant-donnant, par des solutions mutuellement acceptables est la forme ultime de contact constructif. Par exemple, les jeunes veulent aller danser et leurs parents ne veulent pas. Les jeunes ne voient pas pourquoi leurs parents les empêcheraient d’agir ainsi. Si les parents persistent à dire «Non tu n’iras pas», c’est tout simplement de la dictature : quelqu’un impose à l’autre de ne pas faire quelque chose qui lui plaît parce que ça ne lui plaît pas. Après avoir approfondi le problème, les parents expliquèrent aux enfants qu’ils étaient inquiets pour leur sécurité au retour de la danse. Il fut assez facile de trouver une solution pour assurer la sécurité des jeunes : revenir en taxi, revenir avec des amis en auto, revenir avec d’autres parents ou même que leurs parents aillent les chercher une fois la danse finie, etc.
Recevoir et échanger des conseils gratuits, c’est une autre forme de contact appréciée par toute personne, y inclus par les jeunes. Cet échange est efficace quand on offre un conseil lorsque l’autre veut l’entendre, qu’on partage sa propre expérience sans faire la leçon et qu’on laisse l’autre choisir d’appliquer ou non ce conseil. Voila la différence entre une remontrance et un conseil gratuit.