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Nouveau paradigme en éducation

 

Nous sommes dans une période de transition entre deux conceptions de l’éducation. Le langage des documents officiels parle souvent d’éducation intégrale de la personne, d’école milieu de vie, etc. La pratique quotidienne de l’enseignement repose encore surtout sur la passation d’un savoir rationnel.

La formation et la conception de l’enseignement repose encore sur une approche méca­niste. L’enseignant est formé comme un transmetteur de connaissances. Durant sa formation le futur enseignant consacre les deux tiers de ses cours à connaître la matière ou aux matières qu’il enseignera plus tard. Du tiers qui reste et porte sur la pédagogie, la majeure partie est consacrée à la didactique de cette matière, c’est-à-dire aux méthodologies d’enseignement de son contenu. Une fois enlevée la partie consacrée à l’étude de l’organisation scolaire il ne reste que quelques crédits consacrés à la maîtrise des facteurs humains appliqués à l’apprentissage, généralement quelques cours plutôt théoriques sur la psychologie de l’enfant ou de l’adolescent.

Il ressort donc de cette formation fort préoccupée de «passer sa matière», «couvrir son pro­gramme», donner de bonnes explications et fournir de bons exercices. Il consacre aussi beaucoup d’énergie à des tâches qui suscitent en lui beaucoup de stress : motiver ses étudiants, contrôler sa classe, maintenir la discipline.

Enseigner ainsi est souvent une tâche stressante. En effet, dans cette approche ration­nelle l’élément humain apparaît souvent comme un corps étranger dans l’opération d’instruire : les facteurs personnels, affectifs et sociaux, pour lesquels l’enseignant est beau­coup moins bien préparé et outillé, font irruption dans la classe et dérangent son plan de cours.

Or ces facteurs demeurent les plus puissants leviers de l’apprentissage. La considéra­tion dans la communication interpersonnelle, l’ouverture et la transparence dans l’expression, la compréhension dans les échanges suscitent chez les étudiants l’ouverture, la confiance et l’intérêt essentiels pour favoriser leur apprentissage.

En adoptant une approche humaniste l’enseignant voit sa fonction pédagogique d’abord comme une relation interpersonnelle et agit selon d’autres priorités : établir un contact avec ses étudiants, leur manifester sa considération et son respect, entretenir avec eux une communi­cation saine et des relations mutuellement satisfaisantes, résoudre les conflits d’une façon constructive, les engager dans une démarche d’autodiscipline coopérative, créer un climat favorable à la découverte, leur fournir des occasions de se valo­riser et de s’impliquer dans leur apprentissage.

De nombreuses recherches et expérimentations confirment qu’avec une telle attitude les enseignants augmentent leur efficacité : ils suscitent plus de satisfaction, de participation et de réussite chez les étudiants ; ils favorisent chez ceux-ci plus de comportements constructifs ; ils éprouvent eux-mêmes moins de stress et plus de satisfaction au travail, et y trouvent une occasion de se réaliser.

L’évolution de l’enseignant vers ce nouveau paradigme de l’éducation repose sur deux types de changement : développer de nouvelles attitudes fondées sur une conception de son rôle comme facilitateur du développement de l’enfant et maîtriser des procédés spécifiques à l’intervention interpersonnelle. Deux méthodologies s’avèrent essentielles pour mettre en œuvre cette approche de l’éducation : une méthode de communication fondée sur la considé­ration et la satisfaction mutuelles et une méthodologie concrète et structurée du développe­ment personnel et social. Cette transformation requiert plusieurs dizaines d’heures de formation participative.

Dans l’annexe 1, «On apprend mieux d’un prof qu’on aime» on trouve douze anciens et nouveaux postulats émergeant de ce paradigme. Pour chacune des nouvelles attitudes on trouve trois procédés d’intervention propres à les faire passer dans l’action quotidienne en classe. S’ajoute un treizième destiné à la fonction pédagogique de la direction : on y voit que le style de communication et de supervision exerce une influence déterminante sur la pédagogie des enseignants.

 

 

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