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Quand la parole se libère à l’école

 

 

Béatrice Bellisa interviewée par Michèle Lewy, paru dans Région Santé no 970

 

Alors qu’on tente d’endiguer la violence dans les écoles, le Cercle de paroles PRODAS propose une éducation au respect de soi et des autres. Béatrice Bellisa, animatrice de ce programme, nous explique le Cercle de paroles PRODAS.

 

Les évènements de la dernière rentrée scolaire nous ont rappelé que les structures éducatives sont peu adaptées au développement de l’enfant. Qu’en pensez-vous ?

C’est un vaste problème, et je n’ai pas la prétention de résoudre tous ceux que nous rencontrons dans l’éducation des jeunes. Néanmoins, ma longue expé­rience dans ce domaine m’a permis de constater que, jusqu’à présent, elle a été axée sur la compétitivité et sur des normes très rigoureuses ne prenant pas en compte lunicité des enfants et leurs richesses personnelles. Résultat : ils perdent confiance et estime d’eux­-mêmes, ils souffrent du sentiment d’échec et refoulent frustrations, ressentiment et agression. L’école devient alors lieu de jugement, de peur, de détresse, et donc la violence. Tant qu’on ne prendra pas en compte le besoin fondamental de tout être humain de se sentir accepté et reconnu, on n’e donnera pas la possibilité à nos jeunes de faire face à de mauvais résultats, de se remettre en question et d’avoir envie d’améliorer leur stratégie. Or, pour réussir à l’école et dans la vie, l’enfant a besoin de développer des qualités personnelles, de mieux se connaître et de savoir exprimer ce qu’il ressent, d’avoir confiance en ses capacités, mais aussi de communiquer avec son entourage et vivre en société. Cest pourquoi je fais connaître le Cercle de paroles PRODAS, un programme de prévention, de santé psychique et d’épanouissement, dans tous les lieux recevant des enfants, de l’âge préscolaire à l’adolescence.

 

Quel est l’outil principal du Cercle de paroles PRODAS ?

Le cercle de paroles PRODAS, que des enseignants, des éducateurs, des animateurs utilisent depuis plus de 20 ans, consiste à réunir les enfants d’un groupe. L’enseignant leur donne au préalable les consignes : rester assis calmement, lever la main pour prendre la parole et écouter celui qui parle.

Puis, il leur propose un thème de travail, par exemple «Je grandis et je change.», «Ce que je suis capable de…», «Je suis fier de…», «J’ai aidé une personne», etc. Ces thèmes visent à développer trois grandes compétences.

Dabord la se connaître : certains thèmes leur permettent de mieux se comprendre, de repérer les pensées qu’ils entretien­nent, celles qui peuvent les aider, et aussi celles qui peuvent leur nuire, de cerner leurs limites, et les aident ainsi à faire des choix plus facilement.

Ensuite se réaliser, en exprimant leur fierté d’avoir réussi certaines choses. Ils les aident aussi à repérer la stratégie qui leur a permis d’apprendre, de progresser, d’atteindre un objectif.

Enfin entretenir des relations qui prennent de l’importance en grandissant. C’est le lieu idéal pour travailler les thèmes d’inter­action car il donne aux enfants l’occasion de se confronter à la vie de groupe, de trouver pourquoi ils peuvent se sentir exclus d’un groupe, ce qui ne fonctionne pas, etc. Ce n’est pas rare qu’ils nous confient : «Enfin, on peut parler de ce qui nous tient à cœur.».

Une chose importante : l’enseignant s’exprime également sur le thème. Ceci leur montre que les adultes peuvent vivre les mêmes expériences qu’eux et avoir aussi des difficultés. Cette parti­cipation démythifie la toute puissance de l’adulte ; cela sécurise les enfants, resserre les liens avec l’enseignant et réduit le fossé entre les générations.

 

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