2 parents qui aident au coloriage de 2 enfants

Une expérience d’écoute active

Extrait de Parents efficaces au quotidien

 

Ce dialogue a été rapporté par une mère qui a participé à la formation Parents efficaces.

À plusieurs reprises dans ses réponses, cette mère emploie l’un ou l’autre des obstacles à la communication mais, dans l’ensemble, elle applique la technique de l’écoute active.

Au moment où a lieu cette conversation, l’enfant est âgé de huit ans. Depuis ses cinq ans, il éprouve beaucoup de difficultés à s’endormir.

Nous sommes un mardi soir. Le père est absent ; les trois aînés font leurs devoirs tandis que les deux plus jeunes dorment. L’enfant de huit ans lit dans son lit. Voici la conversation.

La mère : Il est tard. Éteins la lampe et endors-toi.

L’enfant: Je ne dormirai pas.

La mère: Tu dois dormir, il est tard, tu seras fatigué demain.

L’enfant: Je ne dormirai pas.

La mère: (Brusquement) Éteins la lampe immédiatement.

L’enfant: (Sèchement} Je ne dormirai jamais.

La mère: (Je suis tentée de l’étrangler, je suis tellement fatiguée. Je ne peux supporter cela ce soir… Je vais dans la cuisine, je prends un moment de repos, puis décide que j’y retourne pour essayer l’écoute active en dernier recours.) J’entre dans la chambre de l’enfant.

La mère : Allons, il est tard mais je vais m’asseoir sur ton lit un moment; ça va me reposer les pieds avant de laver la vaisselle et ranger la cuisine..» (Je lui enlève le livre, éteins la lampe, ferme la porte et m’assois sur le lit près de lui, m’appuyant le dos au mur.)

L’enfant: Donne-moi ce livre-là. N’éteins pas la lampe. Sors d’ici. Je ne veux pas que tu restes ici. Je ne dormirai pas. Je te déteste.

La mère: Tu es fâché.

L’enfant: Ouais, je déteste l’école, je n’y retournerai jamais, jamais.

La mère: (Sachant bien qu’il aime habituellement l’école) Tu es écœuré de l’école.

L’enfant: C’est écœurant. Je ne suis pas bon à l’école. Je ne sais rien. Je devrais être resté en deuxième année (il est en troisième). Les mathématiques, je n’y connais rien. (Il est très bon dans cette matière). La prof doit penser que nous sommes au secondaire.

La mère: Tu as beaucoup de difficultés en mathématiques.

L’enfant: Non c’est facile. Ça ne me tente tout simplement pas de les faire.

La mère: Ah.

L’enfant: (Changeant de sujet) J’aime le football. J’aime mieux jouer au football que d’aller à l’école.

La mère: Tu aimes vraiment le football.

L’enfant: Est-ce qu’on doit aller à l’université ? (Le frère aîné est sur le point d’y entrer ; la famille en parle beaucoup).

La mère: Non.

L’enfant: Combien de temps doit-on aller à l’école?

La mère: Tu dois finir l’école secondaire.

L’enfant: Eh bien, je ne vais pas à l’université. Je n’y suis pas obligé, n’est-ce pas?

La mère: Non.

L’enfant: Bon, je jouerai au football.

La mère: Le football c’est vraiment plaisant.

L’enfant: Bien sûr. (Complètement calmé, l’enfant parle sans colère.) Eh bien, bonsoir.

La mère: Bonsoir:

L’enfant: Veux-tu rester avec moi encore un peu?

La mère: Ouais.

L’enfant: (Tire les couvertures qu’il avait foulées aux pieds. Couvre soigneusement les genoux de sa mère et les tapote.) Es-tu confortable?

La mère: Oui, merci.

L’enfant: De rien. (Période de calme, l’enfant commence, à renifler et à se racler la gorge et le nez avec un bruit exagéré. L’enfant a une légère allergie, mais les symptômes ne sont jamais aigus. La mère n’a jamais entendu l’enfant renifler comme cela auparavant.)

La mère: Ton nez t’agace?

L’enfant: Ouais. Penses-tu que j’ai besoin de remède pour le nez bouché?

La mère: Penses-tu que ça aiderait?

L’enfant: Non. (II renifle bruyamment.)

La mère: Ton nez t’agace vraiment?

L’enfant: Oui. (Il renifle encore.) Oh j’aimerais qu’on n’ait jamais à respirer par le nez quand on dort.

La mère: (Très surprise de cela, tente de lui demander d’où vient cette idée.) Tu penses que tu dois respirer par le nez quand tu dors.

L’enfant: Je sais que je dois le faire.

La mère: Tu es sûr de cela.

L’enfant: Je le sais. Alain me l’a dit, il y a longtemps: (Ami fortement admiré, de deux ans plus âgé.) Il a dit qu’on doit le faire. On ne peut respirer par la bouche quand on dort.

La mère: Tu veux dire que tu n’es pas sensé le faire?

L’enfant: Tu ne peux tout simplement pas. (Il renifle.) Maman, c’est ça, n’est­-ce pas? Je veux dire on doit respirer par le nez quand on dort, n’est-ce pas? (Longue explication, plusieurs questions de l’enfant au sujet de son ami qu’il admire fortement. «Il ne me mentirait pas.»)

La mère: (La mère dit que cet ami essaie sans doute de l’aider mais que les enfants ont de faux renseignements quelquefois. La mère insiste beaucoup sur le fait que tous et chacun respirent par la bouche en dormant.)

L’enfant: (Très soulagé) Eh bien, bonsoir.,

La mère: Bonsoir. (L’enfant respire facilement par la bouche.)

L’enfant: (Soudainement, il renifle).

La mère: Tu as encore peur.

L’enfant: Hm Mm . . . Maman, qu’est-ce qui arrivera si je m’endors en respirant par la bouche? Et que mon nez se bouche, ‘et si au milieu de la nuit, quand je dors dur, si je me ferme la bouche?

La mère: (Se rend compte qu’il a eu peur de s’endormir durant plusieurs années parce qu’il avait peur de mourir étouffé. Pense: «Oh mon pauvre petit»). Tu as peut-être peur d’étouffer? L’enfant: Hm Mm . . . On doit respirer. (Il n’a pu dire «je pourrais mourir»).

La mère: (Explique davantage) Ça ne peut tout simplement pas arriver. Ta bouche s’ouvrirait, tout comme ton cœur pompe ton sang et tes yeux clignent.

L’enfant: Es-tu sûre?

La mère: Oui, je suis sûre.

L’enfant: En bien, bonsoir.

La mère: Bonsoir. (Embrasse l’enfant qui s’endort en quelques minutes.)

 

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