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Développement personnel et social essentiel à la réussite des jeunes

 

Résumé

Avec une douzaine de professionnels de l’éducation, de la psychologie et des autres sciences humaines nous avons formé des centaines de psychologues scolaires, conseillers pédagogiques, travailleurs sociaux et des milliers d’enseignants aux méthodologies de l’interaction efficace et du développement personnel et social en classe. (Les professionnels non enseignants participaient en général à une formation de formateur. Ainsi outillés, ils formaient les enseignants de leur milieu et les supervisaient dans l’application de ces nouvelles méthodologies. D’ailleurs l’expérience a démontré que cette supervision suivie durant un an et plus était pratiquement essentielle au succès des enseignants.

Notre expérience avec ces milliers d’enseignants nous confirme que le développement de modes de communication et de relation interpersonnelle chez les enseignants diminue leur stress, contribue à leur développement personnel et produit un effet bénéfique majeur chez leurs étudiants, à la fois sur leur développement intellectuel, leur réussite scolaire, leur estime de soi, leurs relations avec leurs camarades et leur assiduité en classe.

Ce bref mémoire reflète nos trente ans d’expérience à former les enseignants et autres professionnels de l’éducation à développer les facteurs humains essentiels à la réussite des jeunes à l’école et les résultats de nombreuses recherches sur ces expériences.

 

Résultats

De nombreuses recherches confirment ce que nous avons pu observer chez des milliers d’enseignants qui s’initiaient à ces procédés. Ces approches contribuent au développement personnel de l’enseignant et diminuent son niveau de stress : l’enseignant qui apprend à «communiquer efficacement» manifeste plus d’autonomie, de spontanéité, de sensibilité face aux autres ; il a une perception plus positive de lui-même et s’accepte mieux. Tous ses bienfaits pour son équilibre personnel se répercutent sur le bien-être de ses étudiants et leur niveau de réussite.

En effet les élèves des enseignants qui démontrent des interactions efficaces telles que présentées dans la liste précédente sont beaucoup moins souvent absents ; ils ont de meilleurs résultats scolaires – dans les matières dites «principales», grâce à des tests normalisés – ainsi qu’à des mesures de quotient intellectuel. Ils ont également une meilleure image d’eux-mêmes. Ces améliorations sont plus fortes avec les enseignants du primaire que ceux du secondaire – sans doute parce que le titulaire de classe passe plus d’heures avec ses élèves et établit avec eux une relation plus étroite et une communication plus profonde.

Ces résultats nous incitent à proposer qu’on mette la majeure partie des efforts à amélio­rer la qualité de l’éducation dans l’amélioration de la qualité de l’intervention des enseignants, dans l’amélioration du médium principal employé en éducation, la relation entre une personne qui enseigne et des personnes qui apprennent. C’est dans cette interaction quotidienne privi­légié que se joue le sort d’une génération et l’avenir de notre société.

Le meilleur investissement d’énergie et de ressources pour améliorer l’éducation consiste à accroître les compétences de l’enseignant dans les domaines qui ont un effet dé­terminant sur l’apprentissage. Une communication constructive, nuancé, efficace et cohérente instaure entre l’enseignant et chaque élève une relation pédagogique saine, fructueuse et éta­blit en classe un climat propice à l’apprentissage et au développement de chaque individu.

De même la formation des futurs enseignants devrait donner plus de place à la maîtrise des procédés d’interaction humaine. Nous avons rencontré pratiquement aucun enseignant qui était inefficace par manque de connaissances à transmettre ; plusieurs cependant nous ont manifesté leur désarroi devant des situations de relation interpersonnelle avec certains élèves ou avec leur groupe. Tel est le besoin qu’ils manifestent le plus souvent en supervision.

 

Le développement personnel et social essentiel à la réussite de l’étudiant

Pour être un citoyen constructif, un employé productif et un parent éducatif, l’étudiant de l’an 2000 a besoin d’un bagage de connaissances et d’habiletés renouvelées, adapté à la technologique et à la société actuelle. Il/elle a également besoin de compétences personnelles et sociales qui lui permettront d’utiliser de façon efficace et responsable ses connaissances et ses habiletés.

Les enseignants et les professionnels qui les assistent reconnaissent qu’il ne suffit pas de donner un bagage de connaissances à un étudiant pour qu’il s’en serve adéquatement. Ils/elles remarquent entre autres, que le jeune qui jouit d’un haut degré de confiance en soi utilise ses connaissances de façon adéquate et que celui qui manque d’estime de soi ne réussit pas à faire fructifier son potentiel efficacement. Les intervenants en éducation remarquent également que les jeunes qui ont des relations constructives avec leurs camarades bénéficient davantage de nos efforts d’éducation, alors que ceux qui ne savent pas vivre de façon constructive en groupe sont souvent bloqués dans leur apprentissage suite à des comportements perturbateurs ou même destructifs.

Suite à des recherches rigoureuses, un comité spécial de la législature de Californie a permis de confirmer qu’un faible degré d’estime de soi est relié directement à six (6) pro­blèmes éducatifs qui se posent de façon aigu dans la société actuelle. En effet, les jeunes qui ont une faible confiance en eux-mêmes sont des candidats directs au décrochage scolaire, à la délinquance, la consommation de drogue, aux grossesses précoces, au chômage et à la violence familiale.

Des recherches et observations nous confirment également que rarement les gens per­dent leur emploi par manque de connaissances. En effet, dans environ seulement 7% des cas, les gens sont congédiés pour incompétence. Dans 13% des cas, les gens sont remerciés pour des manques évidents de rendement reliés non pas à leur manque de connaissances, mais à leur faible niveau d’initiative et d’efficience personnelle. 80% des gens qui sont congédiés, le sont pour des raisons de relations difficiles, perturbatrices ou quelquefois des­tructrices avec leurs collègues de travail ou encore avec leur superviseur.

Depuis de nombreuses années, on dispose de la méthodologie requise pour développer chez les jeunes, dès l’école primaire et poursuivre à l’école secondaire, les habiletés person­nelles et sociales fondamentales et ainsi former, non seulement des gens instruits mais des employés efficaces, des citoyens engagés et des parents acceptables.

Nous avons formé des milliers d’enseignants à employer cette méthodologie. Nous avons également publié plusieurs ouvrages pédagogiques contenant quelques 10,000 pages d’information pratique utilisable immédiatement par les enseignants et les autres professionnels en éducation.

Les compétences personnelles et sociales essentielles à développer pour favoriser l’apprentissage et le développement des jeunes comprennent notamment :

  1. Se connaitre: la personne qui se connaît elle-même sait ce qu’elle pense, ce qu’elle ressent, ce qu’elle veut et ce qu’elle fait. Elle a des objectifs clairs, et sait faire des choix appropriés.
  2. Comprendre les autres : la personne empathique saisit ce que les autres personnes ressentent, elle comprend leur point de vue et adapte son comportement de façon appropriée.
  3. Se réaliser : la personne qui a confiance en elle-même aborde des tâches nou­velles avec assurance. La personne qui fait preuve d’estime de soi s’affirme et s’exprime de façon naturelle et spontanée et sans inhibition.
  4. Développer ses compétences : la personne efficiente sait se fixer des objectifs appropriés à ses capacités, elle a la flexibilité requise pour changer de moyen, tout en étant assez déterminée pour atteindre son but.
  5. Entretenir des relations : la personne qui comprend la dynamique des rela­tions interpersonnelles sait comment le comportement d’une personne influence l’attitude et le comportement d’une autre. Ainsi elle comprend comment son compor­tement affecte les autres et peut manifester aux autres comment leur comportement l’affecte.
  6. Contribuer à la vie en société : la personne tolérante reconnaît et accepte les différences indi­viduelles. Elle donne son entière considération aux personnes qui ont des sentiments, des pensées, des valeurs différentes des siennes. Elle comprend la valeur de la diver­sité, ne sent pas le besoin de céder au conformisme ou d’imposer l’uniformité. Elle sait résoudre les conflits par entente mutuelle.

Parmi les compétences personnelles et sociales essentielles à la réussite de l’étudiant on retrouve 33 compétences fondamentales pour développer la maturité personnelle et sociale.

Des recherches et expérimentations nombreuses ont démontré que les activités de développement personnel et social sont celles qui ren­dent la présence et la participation à l’école la plus intéressante. Dans les classes où on em­ploie régulièrement de tels programmes, l’absentéisme est beaucoup plus faible, la satisfac­tion à l’école plus grande, les relations entre les élèves plus cordiales et plus constructives, et les résultats scolaires plus élevés. Les relations entre l’enseignant et ses élèves sont égale­ment plus chaleureuses, plus conviviales et manifestent plus de collaboration.

Les jeunes qui participent à la formation à la prévention et résolution des conflits aug­mentent leur estime de soi et leur confiance en soi, maîtrisent mieux leur propre comporte­ment, manifestent plus d’attention envers les autres et pèsent davantage le pour et le contre avant de poser un geste.

J’attire ici l’attention sur le décrochage scolaire, problème fort préoccupant aujourd’hui. Nous disposons en effet d’un moyen fondamental pour le prévenir. Quand un élève vit une expérience satisfaisante à l’école il y retourne le lendemain, et ainsi de suite le surlendemain. Et les recherches démontrent sans équivoque que les jeunes dont les enseignants entretiennent une communication saine et efficace, et ceux qui ont l’occasion de participer à des activités de développement personnel et social – activités où ils parlent du sujet le plus passionnant, leur propre vie et celle de leurs camarades – s’absentent beaucoup moins souvent de l’école.